• DIALOGUES

    DIALOGUES

     RENCONTRES
    (théâtre)
    LE CHEVEU SUR LA LANGUE
    (sketche)
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  • LE CHEVEU SUR LA LANGUE


    un sketche à la recherche de deux comédiens

    LE CHEVEU SUR LA LANGUE
     

    B : le Baron Renaud de La Musardière

    Y : le serviteur Yves Ripaille

     

    Toc toc toc (on frappe à la porte)

    B – Diantre ! ... Mais qui donc vient de frapper à mon huis

    Pour me déranger à cette heure trop indécente ?

    Je  m’apprête à franchir de mon lit la descente…

     

    Yves entre

     

    Y – Excusez-moi, Messire.

     

    B –                          Il est bien tard cette nuit.

    Que faites-vous ici ? Vous, la bien fine mouche…

    Dites-moi donc pourquoi se retroussent vos lèvres,

    Apportant vos propos en paroles mièvres,

    Dégoulinant ainsi en dehors de la bouche.

     

    Y – Hélas je viens de ce pas vous rendre compte

    De ce qu’autour de vous certains bavent et racontent.

     

    B – Voyons un peu valet et ici prenez place…

    Dites-moi tout ce qui fait gonfler la rumeur

    Loin du calme pesant de ma belle demeure

    Et, surtout, oui surtout… Regardez-moi en face.

     

    Y – Parlons bas, je vous prie, si près de votre cour.

    J’ai beaucoup réfléchi… Coupons court au discours.

     

    B – Oh là ! Yves… Parlez mais sur un autre ton

    Pendant que je finis cette boite de thon.

     

    Y – Palsembleu Messire, vous m’avez refroidi.

    Je n’ose plus ce soir dire ce que l’on dit.

    B – Je ne voudrais pas vous tirer les vers du nez.

    Mais, ne prenez donc pas cet air aussi tragique.

    J’ai l’impression à voir vos drôles de mimiques,

    Que vous êtes parti pour un saut en apnée.

    Je sais que ce cheveu installé sur ma langue

    Fait se pâmer tous les vilains des alentours,

    S’amassant aux marchés de ces quelques faubourgs,

    Devant ces faiseurs de bons mots qui les haranguent.

     

    -------------------------------------------------------------------------

    PUB ! …

    Mais où sont donc passées toutes ces saucisses glacées

    Elles sont tellement si bonnes à se sucer

    Et ne vous laisseront sûrement pas de glace

    Car ce sont les saucisses Olida on Ice

    -------------------------------------------------------------------------

     

    Y – Mais Messir’.

     

    B –                Mais Messir’,  mais Messir’,  mais Messir’

    Oh ! Que vous ressemblez à un essaim d’abeilles…

    Et puis… Quand j’entends votre voix de doux miel,

    J’ai une grande envie d’enfoncer de la cire

     

    Il fait semblant de lui mettre de la cire dans la bouche

     

    Ah ! … Ce cheveu siffle dedans ma pauvre tête

    Et quand ma langue, hors de ma bouche pendouille,

    Descendant jusqu’à mes… Voici que je bafouille…

    Oui, ce cheveu il faut bien que je m’y arrête.

    Je le vois comme l’hydre, l’indomptée, la rebelle,

    Papillonner autour de mes tendres papilles

    Bordées de salive que, souvent, je gaspille

    En crachant mon ire, ma colère à la pelle…

    Déambulant sur un quai un jour de grand vent,

    Faut-il encor qu’autour d’une dent je l’enroule,

    Quand s’agite sur moi avec force la houle,

    Pour éviter alors un tragique accident.

     

    Y – En aparté Emporté par la houle… la la la   la la la   la la la la

    Euh…

     

    B – Mais, ne me regardez pas ainsi bouche bée…

    Je peux bien sur, pendant qu’il est encore vert,

    Le couper net pour que je fasse un soir d’hiver

    Tresser la layette pour mon petit bébé…

    Ou, alors, l’attacher à un arbre pour pendre

    Tous ceux qui se gaussent à gorge déployée

    Et qui crachent dans l’air la morve à envoyer…

    Dans mon dos… Ah ! Ah ! Ah ! les vils scolopendres…

    Je suis devant vous, plein de plainte maladive

    Que je ressasse et ressasse et ressasse sans cesse

     

    en aparté, comptant sur ses doigts – Merde ça ne fait pas un alexandrin…tant pis !

     

    Que je ressasse et ressasse et ressasse sans cesse.

    J’en attrape des boutons, partout sur les fesses

    Ah ! …Yves, savez-vous que je vous trouve sale Yves

     

     Allez allez Fernand arrêtons ce duo,

    Ce texte est tellement tiré par les cheveux

    Que l’auteur ne doit pas en être très heureux…

    Bye bye, il est l’heure de quitter le studio.

     

    B – À demain et n’oublie pas ce qui nous attend

    Car nous avons encor la prochaine émission…

    Moi, j’ai presque envie de donner ma démission.

     

     

    Y – Aouh ! … Aouh ! …Tu seras Jane et moi Tarzan

    texte déposé



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  •  Rencontres

    Rencontres

     

    les textes de base d'un spectacle, à la recherche de deux interprètes
    les dialogues ont été écrits pendant une semaine de "repos", avec l'ajout de quelques chansons 

    RENCONTRES 
    (textes des dialogues de Bernard Pichardie, déposés
    les chansons sont déposées à la SACEM... les liens vers les maquettes des chansons se trouvent à la fin de l'article)
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    Prologue

    Rencontres 
    (coécrit avec Marie-Noëlle Pichardie 
    musique de Michel Veron)

    Partir
    Quitter l’enfance
    La délivrance
    Écrire

    Écrire
    L’écho pour lui plaire
    La beauté d’un mystère
    Offrir

    Offrir
    L’oiseau du bonheur
    Le vent de notre cœur
    Fleurir

    Fleurir
    Les jardins sous ses pas
    La rosée entre ses bras
    Rougir

    Rougir
    Sous les feux de l’amour
    De ses contours
    Choisir

    Choisir
    Sa peau dorée
    Son corps satiné
    Jouir

    Jouir
    Sous les caresses
    De son ivresse
    Partir

    Partir
    Vers le repos
    D’un jour nouveau
    L’avenir
    — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — 
    Scène une

    H « Vous venez pour la première fois ici ?
    — De temps en temps, quand je le peux, et vous ?
    — Moi aussi, pratiquement toutes les semaines, j’adore ce lieu paisible.
    — C’est un endroit calme où l’on peut souffler. Regardez, les gens qui passent ont l’air serein. Même les enfants ne se chamaillent pas ou peu.
    — Je n’avais jamais pensé à ça ! Maintenant que vous le dites, j’ai l’impression que même les pigeons volent doucement !
    — Et la ville n’est pas loin ! Enfin, je veux dire que nous sommes presque dans le centre-ville, mais ici, la tranquillité règne. Il y a bien un peu de vent qui fait frissonner les feuilles des arbres, sans nous déranger.
    — J’appelle cet endroit mon petit coin d’oasis. Je m’y sens à l’aise et je viens tous les samedi matin pour prendre du bon temps à ne rien faire ou si peu. J’observe, j’écoute, je respire pendant une petite heure et je repars avec, dans mes bagages, du tonus pour une semaine.
    — Par manque de temps, je ne suis pas là souvent et je le regrette. Il faudrait que je m’organise mieux de façon à m’octroyer, comme vous, ce genre de pauses. 
    — J’aime m’assoir sur ce banc et pas un autre et si, quand j’arrive, il est pris, j’ai l’impression que ma halte va être gâchée.
    — C’est une manie de vieux garçon !
    — Ah bon ! Peut-être, mais je suis un demi-solitaire et pourtant je n’aime pas faire les choses à moitié !
    — Au moins, vous avez de l’humour. Ça doit bien servir pour draguer.
    — Mais, je ne drague pas ! J’ai une famille, femme et enfants et je suis fidèle.
    — C’est une voie en disparition.
    — Vous croyez ?
    — J’en suis certaine. C’est rare d’entendre un homme dire qu’il a une famille, surtout quand il est seul sur un banc dans ce parc.
    — Depuis que vous venez ici, vous réalisez des statistiques ? !
    — Pas du tout, d’ailleurs, je ne parle à personne, c’est vous qui m’avez posé la première question. Au début, je me demandais si vous n’aviez pas une idée derrière la tête. Je me suis vite rendu compte que vous aviez envie de faire la causette.
    — Exact ! Mais c’est uniquement parce que vous avez squatté mon banc préféré. Rassurez-vous, je ne vous en veux pas. Et vous, vous avez une famille ?
    — Oui, un mari, un amant, un ami. Mais c’est un trio en une seule personne !
    — Vous aussi, vous avez de l’humour. Et des enfants ? 
    — Non, je ne peux pas en avoir, mais j’ai une flopée de nièces et de neveux qui me rendent la vie pas trop fade… Pas fade du tout ! Heureusement, ils me permettent de combler mon vide en ce qui concerne ce manque qui me hante parfois.
    — Je comprends, disons que j’essaie en pensant à mes « petits » (je dis petits mais ils sont bien grands) qui me remplissent de vrais bonheurs au quotidien. Et votre mari ne souffre pas de cette situation ?
    — Non, quand nous nous sommes rencontrés, j’ai annoncé la couleur rapidement quand notre relation semblait bien partie. J’ai horreur de tricher ! Il fut de suite sur la même longueur d’onde avec moi. Je lui en serai toujours reconnaissante.
    — Je vois que l’heure tourne, je dois partir sinon, ma femme va appeler Police secours !
    — Je peux vous faire un mot d’excuse si vous le souhaitez !
    — Merci, mais je n’ai ni papier ni stylo.
    — Moi non plus !
    — À bientôt j’espère.
    — Oui à très bientôt. Euh, je ne connais pas votre prénom.
    — Justine, et vous ?
    — Sébastien. »
    — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — 
    Scène deux

    F « Bonjour Sébastien, vous êtes là depuis longtemps ?
    — Bonjour Justine, depuis presqu’une heure, j’allais partir.
    — Ah ! je suis déçue.
    — Mais non, je viens d’arriver.
    — Vous m’avez fait peur, j’ai pas mal de courses à faire aujourd’hui mais je souhaitais vous voir.
    — C’est sympa, moi aussi je suis content de vous retrouver.
    — En passant par l’entrée principale, j’ai vu une belle affiche. Vous aimez les expositions ?
    — Un peu, mais je suis beaucoup plus cinéma et concert. Et vous ?
    — Pour les expos, ça dépend, pas les tableaux ni les sculptures. J’aime surtout les vieux machins, ce qu’on trouve dans les brocantes et qu’on peut retaper pour leur arracher une part de leur mystère et leur redonner une nouvelle vie. C’est mon mari qui furette dans les vide-greniers et chez les brocanteurs. Ensuite, je m’attaque à la remise en forme. Je suis assez théâtre et musique mais les places ne sont pas données. 
    — Moi, je suis assez branché pop, rock et blues, surtout les années 70 et 80 au grand désespoir de mes enfants qui souhaitent m’initier à leur passion pour le hip-hop, le reggae et bien d’autres styles. J’adore également la chanson à textes.
    — Je pense que vous avez comme moi la cinquantaine, et donc quelques références identiques. Je suis très éclectique et j’écoute les nouvelles générations aussi bien que les anciennes. Comme je dis souvent, il y a deux sortes de chansons, celles à textes et celles qui n’en ont pas, c’est-à-dire les instrumentaux !
    — Bien vu !... Belle journée aujourd’hui, je trouve que cet endroit rayonne, le soleil nous illumine et je suis persuadé qu’il rend les gens meilleurs, plus heureux.
    — C’est certain ! je vois aussi la différence quand je viens sous le vent ou la pluie et comme maintenant sous les rayons. Là, je me sens plus libre, plus joyeuse ; j’observe les sourires ou les mines attristées, les oiseaux graciles, les enfants fébriles. La plupart du temps, les gens se croisent sans se regarder.
    — Ma timidité m’empêche de les surveiller mais inconsciemment, j’enregistre les gestes, les attitudes et vous avez raison, en fonction de la météo les comportements varient du tout au tout. 
    — Au fait, vos enfants vivent chez vous ?
    — Non, pour les deux premiers. Ils gagnent leur vie. Le plus jeune termine ses études et préfère notre maison, le loyer y est beaucoup moins cher ! et pour vous ?... Ah, pardon ! C’est vrai que vous n’avez pas d’enfant. Excusez-moi.
    — Ce n’est pas grave, j’ai l’habitude !... Ici, la nature est quand même assez rétrécie.
    — Que voulez-vous dire par là ?
    — Quand je pars en congés, je vais plutôt à la campagne ou la montagne, les paysages sont superbes et je me sens bien, en communion avec l’environnement. Je découvre chaque année de nouveaux lieux où la beauté et la sérénité se côtoient. Mon mari est plutôt pêche et moi pendant qu’il se prélasse à l’ombre en surveillant ses lignes, je vagabonde, il m’est impossible de rester en place !
    — Nous aussi, nous partons loin de la ville, ma femme a hérité d’une petite maison où nous nous ressourçons et suivons des sentiers de liberté dans les sous-bois…
    — Hou lala ! je n’ai pas vu le temps passé, on se retrouve la semaine prochaine ?
    — Avec grand plaisir ! » 
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    Scène trois

    H « Bonjour Justine, vous allez bien ?
    — Oui merci, et vous ?
    — Impeccable, mais quelque chose me gêne et me choque.
    — Quoi ?
    — Le vouvoiement, on peut se tutoyer ?
    — J’y pensais en arrivant, nos conversations faisaient trop « collets montés ». 
    — Eh bien, voici un grand pas de franchi !... J’ai parlé de toi à ma femme, elle trouve que c’est sympa de t’avoir rencontrée.
    — Elle n’est pas jalouse ?
    — Pas du tout !... Elle a de son côté des amis avec qui elle sort sans moi, je ne me suis jamais posé la question de leurs relations, je sais que j’ai une entière confiance en elle.
    — Pour mon couple, c’est pareil. J’avais lu dans un recueil cette citation : « La confiance est le début de l’amour, la méfiance est la fin du parcours ».
    — Très jolie citation, je la ressortirai un jour.
    — Je ne sais plus qui est l’auteur, mais peu importe. Je me suis rendue compte que je ne connais pas les prénoms de tes enfants… ni de ta moitié !
    — Alors, ma moitié, s’appelle Véronique et mes enfants Sylvain, Cerise et Arnaud par ordre chronologique, Sylvain étant le plus âgé, 28 ans, puis 25 et 21 ans. 
    — Et vous ? euh ! pardon… Et toi, ton mari ?
    — Mon moitié se prénomme Jocelyn.
    — Ce n’est pas courant comme prénom et c’est rigolo que tu dises « mon moitié » !
    — Après tout, les mecs disent parfois, mais de moins en moins souvent, « ma moitié » en parlant de leur femme ou de leur compagne, alors, j’inverse les rôles !
    — Tu es une féministe et ça me plait beaucoup.
    — Je ne sais si j’en suis une, je suis pour l’égalité, il me semble donc que les combats à mener doivent être faits par les hommes et les femmes… « Tous ensembles tous ensembles Ouais ! »… 
    — Entièrement d’accord !...
    — Ce parc me rappelle un souvenir vieux d’une trentaine d’années. À l’époque, il n’y avait pas encore ce banc mais un peu plus loin, quelques chaises nous permettaient de nous asseoir et un monsieur faisait la tournée et donner un ticket pour une somme modique ; il était valable pour la journée. J’étais une jeune enseignante et je venais ici pour corriger des copies.
    — Tu ne m’as pas dit ta profession. Et tu continues à l’exercer ?
    — Oui, je suis prof d’histoire-géo et je continue même si parfois je trouve que tout a changé trop vite, les enfants et les ados sont souvent à la limite de la correction et leurs parents les soutiennent un peu trop quand ils sont en faute. Et toi, que fais-tu ?
    — Je suis dentiste. Mais dans ma profession, à part les évolutions techniques des appareils, pas de grands changements, mes patients ont toujours aussi mauvaise haleine !... Mais excuses-moi, je t’ai coupé.
    — Oui, voilà ce qui s’est passé. J’étais donc pas loin d’ici et tout-à-coup, j’ai levé les yeux des copies et j’ai fait une étrange rencontre. Un regard qui m’a percuté, un homme qui avait à peu près mon âge. Son regard m’a percuté et je pense que j’ai percuté le sien. Je me rappelle encore et toujours de ces quelques instants dont j’ai gardé la trace. 
    — Tu n’as pas cherché à le revoir ?
    — Si, mais je ne l’ai pas vu. Pendant des années, je me disais que je le retrouverai un jour, et puis mon mariage et ma vie avec l’homme que j’aime fait que je n’ai plus envie d’y penser, même si ces moments éphémères viennent régulièrement effleurer mes pensées. »
    — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — 
    Intermède un

    Juste quelques secondes 
    (musique de Jean-Yves Chauchereau)

    Assise sur une chaise dans ce parc 
    où j’aime calmer mon errance quotidienne, je rêvais
    Je rêvais
    Je rêvais quand tout à coup ( parlé )

    On s’est rencontré
    Du bout des yeux
    Juste quelques secondes

    Des pigeons volaient
    Entre nous deux
    Nous étions seuls au monde

    Cachée derrière mes cils
    Je te suivais
    Tu me mettais en joue

    T’avais l’air fragile
    Tu souriais
    Habillé d’une moue

    C’était une rencontre
    Tout à fait dérisoire
    La course contre la montre
    Effaça ma mémoire

    C’était une rencontre
    Tout au bord du hasard
    La course contre la montre
    Effaça notre histoire

    Devant cette chaise
    Je passe parfois
    Espérant une trace

    Je n’ suis pas à l’aise
    Quand je revois
    Ce doux face-à-face

    Des pigeons volaient
    Entre nous deux
    Nous étions seuls au monde

    On s’est rencontré
    Du bout des yeux
    Juste quelques secondes

    On s’est rencontré
    Du bout des yeux
    Juste quelques secondes
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    Scène quatre

    F « Salut Sébastien, nous voici à nouveau réunis !
    — Salut Justine, une habitude s’est créée et je m’en porte très bien.
    — Tu t’emportes facilement ? !
    — Mais non, pas le verbe s’emporter !
    — Je sais, c’est juste pour te taquiner. Tu as vu tous ces gens qui font leur footing. Je n’aime pas courir, je préfère prendre mon temps en marchant.
    — Moi aussi, la transpiration m’est insupportable. Il y a ceux qui cherchent à perdre du poids, ceux qui foncent sans voir personne ou pour être vus dans la catégorie des frimeurs. J’ai constaté que ce sont toujours les mêmes qui passent et repassent à heure fixe. Il y a parfois des petits groupes, ceux-là ont une démarche plus conviviale d’aborder ce sport. Ils s’arrêtent pour attendre les retardataires à chaque tour et prennent le temps d’observer les fleurs, les oiseaux, les arbres. Il y a aussi ceux qui se retranchent complètement avec le baladeur ou le casque sur la tête, j’en ai vu un qui dictait des lettres à sa secrétaire !...
    — Je me demande comment on peut avancer dans la vie quand on cherche la vitesse. C’est aussi un moyen pour oublier les soucis ou la fadeur du quotidien.
    — Tu as raison, la course contre la montre, pour le travail… Toujours aller plus vite mais à la finale l’arrivée est la même pour tous.
    — Je suppose que tu parles de la mort.
    — Oui, alors je préfère déguster la vie par petite dose, tranquillement, sans excitations inutiles. C’est ma philosophie !
    — Tu es un sage
    — Pas vraiment mais en prenant de l’âge, je réagis différemment aux événements. Déjà quand je fais les courses, c’est doucement. Tiens, le mot course veut tout dire, certains les font au galop, comme les chevaux pendant les courses hippiques ! J’ai ma liste prête et je m’y tiens mais sans précipitations… comme par temps de pluie !
    — Moi, c’est l’averse, euh, pardon, l’inverse. J’ai toujours du mal à faire des prévisions alors je furète, je suis à la recherche de promotions et parfois, mes achats sont compulsifs et je m’en veux quand j’arrive à la maison et que mes sacs débordent de produits qui ne sont pas forcément indispensables.
    — Tu regardes les pubs à la télé ?
    — Souvent, elles nous envahissent et je ne supporte pas ce genre d’agressions. C’est pareil pour les affiches, je les trouve souvent ridicules. Tiens, regarde le monsieur qui se promène, il doit avoir pas loin de 90 ans.
    — Je suppose, je ne sais pas s’il fait son tour de piste tous les jours car je ne viens que le samedi.
    — Je l’ai aperçu plusieurs fois et pas que ce jour-ci.
    — Tu viens aussi dans la semaine ?
    — Rarement, ça m’arrive. Tu as vu comment il se comporte, comme beaucoup de personnes âgées, il rumine, s’arrête à peu près aux même endroits.
    — C’est vrai, il a l’air d’attendre quelqu’un, il se retourne mais personne ne le rejoint. J’ai l’impression qu’il est dans ses souvenirs. J’imagine que sa femme est décédée et qu’il noie sa solitude en la devinant pas loin de lui. La solitude est bien triste quand on vieillit et qu’on se retrouve seul.
    — Tu n’as jamais essayé de l’aborder ?
    — Je n’ai jamais osé, je lui lance un sourire quand il s’approche, mais il a le regard dans le vague et je n’ai pas l’impression qu’il a remarqué ma présence.
    — Une fois, j’ai voulu lui parler, il ne m’a pas répondu, il ne devait pas m’entendre… Ou il faisait comme si. »
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    Scène cinq

    H « Salut Justine.
    — Salut Sébastien, tu as eu un problème la semaine dernière ?
    — Oui, enfin, ce n’est pas vraiment un problème mais plutôt un heureux événement. L’épouse de Sylvain, l’ainé de mes enfants a accouché prématurément.
    — J’espère que tout va bien.
    — Oui, ça s’est très bien passé. Un joli bébé tout neuf, un peu petit, il est arrivé avec un mois d’avance. Il s’appelle Dorian. Je voulais t’avertir que je ne viendrais pas et j’ai réalisé que nous n’avions pas échangé nos numéros de téléphones !
    — Justement, j’y ai pensé la semaine dernière en ne te voyant pas, voici ma carte.
    — Et voici la mienne. C’est con, on se rencontre, nous papotons de tout et de rien, nous nous connaissons un peu, petit à petit mais en fait, nous n’avions aucunes coordonnées pour nous contacter. Pour fêter l’arrivée du moustique, nous ferons une petite fête dès que la maman… et le papa !... soient rétablis après l’épreuve. Tu es mon invité, avec ton mari.
    — Merci, c’est sympa, je vais lui en parler… Je me demande pourquoi la salle d’accouchement s’appelle la salle de travail, nous naissons sous de mauvais hospices… J’aurais préféré naître dans une salle de repos ! Tu as souffert à l’arrivée de tes trois bébés ?
    — Non, pas du tout. Et ma femme non, plus d’ailleurs, ça s’est très bien passé et ils sont passés comme une lettre à la Poste ! pour le premier, la petite valise était prête, nous deux et la voiture aussi ! Une demi-heure après, dans la salle de travail, il poussait son premier cri. J’en poussais un aussi ! Véronique n’a pas eu de douleurs atroces comme certaines, et pour les suivants, même topo. je crois que j’aurais tourné de l’œil s’il y avait eu un problème, même léger.
    — Vous les hommes, vous êtes des petites natures. Nous sommes plus résistantes que vous.
    — Je le pense aussi.
    — Tu te rappelles du petit vieux dont nous avions parlé.
    — Oui.
    — La semaine dernière, comme tu n’étais pas là, je me suis approché de lui, je lui ai offert un biscuit sec. Il m’a regardé un peu surpris sur le coup, puis il l’a accepté presque timidement et nous avons parlé un petit moment. Il n’est pas seul, sa femme est tétraplégique, il vient faire un tour ici presque tous les jours pendant qu’une aide-infirmière lui fait sa toilette, ça lui permet de se changer les idées.
    — On ne connait pas vraiment les gens que l’on croise. J’étais persuadé qu’il était seul.
    — Il suffit parfois d’un geste pour casser la distance. Justement, il est là-bas, je lui fais signe ?
    — Oui. Je t’accompagne.
    — Je préfère y aller seule, il est assez sauvage…
    — Il n’a pas envie de s’approcher, il a peut-être regretté de s’être confié à moi la semaine dernière.
    — Dommage ! il préfère peut-être se retrouver seul.
    — La solitude, je l’adore… Mais de façon homéopathique !
    — Moi aussi, mais il y a des solitudes non désirées qui doivent pourrir la vie. Et pas uniquement chez les personnes âgées. Ça me fait penser à une anecdote… J’ai été le témoin d’une scène assez particulière, il y a quelques années alors que nous étions au cirque avec nos enfants. Un spectateur d’environ quarante ans avait une espèce de poupée attachée sur sa poitrine, il lui parlait comme à un enfant et lui commentait de temps en temps ce qu’il voyait sur la piste. Sans arrêt, mon regard se portait sur ce personnage troublant et je supposais qu’il devait être en grande solitude pour agir ainsi. »
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    Scène six

    F « Dans deux mois, les congés, nous avons réservé un gite en Savoie.
    — Nous, avec le bébé nous restons disponibles cette année, mais nous essaierons de nous échapper quelques jours, pas trop loin d’ici pour revenir dare-dare en cas de problème.
    — Ah ! Les vacances… J’en ai vraiment besoin pour me vider la tête après la période scolaire. Quand j’ai débuté dans l’enseignement, les gamins étaient adorables et respectueux. Plus ça va, moins ça va, ils sont grossiers, irrespectueux, mais je les aime bien !
    — Ils te font souffrir ?
    — Pas trop, j’alterne mes cours avec le programme obligatoire avec des faits de société et ils sont intéressés mais il ne faut pas leur en demander beaucoup. Et les parents d’élèves sont de plus en plus vindicatifs. Au moindre problème, c’est la faute des profs.
    — Je ne comprends pas l’appellation « éducation nationale », ce sont les parents qui doivent éduquer leurs enfants et les écoles, les collèges, les lycées sont faits pour les enseigner.
    — Tu as raison, mais quand tu vois des parents qui sont absents du matin au soir avec le travail et les trajets, ce n’est pas facile pour eux de bien s’occuper de leur progéniture. Ils rentrent souvent crevés et n’ont pas toujours les capacités intellectuelles pour aider aux devoirs.
    — D’accord, mais laisser des ados ou des plus jeunes devant la télé, leur ordi ou leur Smartphone jusqu’à pas d’heure, ce n’est pas la solution idéale pour leur équilibre…
    — Il y a encore eu un problème de dogue et de rançon dans une école primaire il y a quelques jours. Et dire que j’ai encore une dizaine d’années avant la quille ! J’en rêve !... Avant, la plupart des travailleurs pensaient à leur retraite un ou deux ans avant. Maintenant, on y pense vingt ans avant ! Et sans être certain d’avoir une retraite décente.
    — Je pense pouvoir arrêter un peu plus tôt que toi, mais je ferai peut-être deux ou trois ans de plus pour attendre que Véro soit à la retraite, elle est coiffeuse mais n’a jamais eu l’envie de se mettre à son compte. Son salaire n’est pas mirobolant.
    — Jocelyn, lui, en tant que cadre, finira bien tard, mais je ne l’attendrai pas !
    — Nous parlons de retraite, de vacances, très peu de travail !
    — C’est logique, la vraie vie se trouve dans les loisirs qui nous permettent de nous évader. Je suis passionnée dans mes préparations de cours et j’y consacre une grande partie de mes congés mais je me sens bien dans mes jours de liberté où je peux m’exprimer dans la peinture. C’est mon dada, ma passion !
    — Tu me montreras ta peinture ?
    — Oui, mais je te préviens d’avance, si tu ris devant mes tableaux, tu devras m’oublier !
    — Je ferai très attention, je pourrai mettre des oignons dans mes poches, tu auras ainsi l’impression que je pleure d’émotions !
    — Et toi, tu as un hobby ?
    — Je fais du macramé.
    — C’est vrai ?
    — Mais non, pour me détendre, je joue de la guitare.
    — Super ! Tu pourras me faire la sérénade.
    — Je joue surtout du blues, j’adore ce style de musique. Quand je suis en vacances, je préfère le calme et le farniente. Avec Véro, nous aimons les petites maisons de campagne qui ont une âme, pour faire des pauses » 
    — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — 
    Intermède deux

    Pause
    (musique de Julian Renan)

    Le vent dans les branches
    Frissonnement des feuilles
    Tout près de l’accueil
    Et du pain sur la planche

    Un verre de vin doux
    Le miaulement du chat
    Un rire en éclats
    Un baiser sur la joue

    Velours
    Tendresse
    Lueurs
    Ivresse

    Amour
    Pétales
    Bonheur
    Cigale

    Mitan du voyage
    Les rayons du soleil
    Repos sous la treille
    Juste quelques images

    Le chant d’un oiseau
    La vie au ralenti
    Rêves sous abri 
    Le murmure de l’eau

    Velours
    Tendresse
    Lueurs
    Ivresse

    Amour
    Pétales
    Bonheur
    Cigale
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    Entracte
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    Scène sept

    H « Je suis content que vous acceptiez de venir à notre petite fête.
    — C’est bien dans six semaines ?
    — Exact !... Tu feras ainsi connaissance avec notre ménagerie. 
    — Il y a combien de roulottes ?
    — Tu ne vas pas me demander de compter maintenant. Je préfère profiter de ce beau soleil, de la verdure et du calme environnant.
    — Je te laisse une semaine pour faire les comptes, tu me diras tout ça samedi prochain.
    — Oui, s’il n’y a pas un deuxième accouchement.
    — Ta fille est également enceinte ?
    — Non, c’est pour rire, elle n’est pas pressée, pour l’instant, elle change de mec tous les ans. Elle prend tout son temps pour déterminer le bon géniteur !... Comment tu as rencontré ton mari ?
    — À la fin de ses études, Jocelyn avait envie de prendre une année sabbatique pour faire le tour du monde. Il était à Caracas où il prenait des photos de cette ville entourée de bidonvilles, en découvrant la misère et le luxe du Venezuela. Il venait de commander dans une petite boutique deux perros calientes et une bière locale au goût douteux. J’étais à côté de lui, demandant les mêmes hot dogs, son accent n’était pas « couleur locale » ! Il m’a dit quelques mots en anglais et j’ai répondu dans cette langue mais nous nous aperçûmes bien vite que nous étions français tous les deux. Nous avons passé deux jours ensemble, puis nous nous sommes séparés, il partait vers l’Amérique du Nord et moi, je restais en Amérique du sud pendant quelques semaines. Nous avions décidé de nous retrouver quelques mois plus tard à Paris où j’avais commencé ma dernière année de formation… Et nous ne nous sommes plus quittés. Comment ça s’est passé pour toi ?
    — Je ne suis pas allé aussi loin que toi pour dénicher la perle rare. Véro était apprentie coiffeuse dans le salon où ma mère se faisait crêper le chignon. Non, je me trompe, où elle passait des heures à discuter avec la patronne qui aimait couper les cheveux en quatre avec ses amies. La petite jeune, un jour où je venais chercher ma maman chérie, je l’ai repérée, et ce fut réciproque. J’étais à l’époque avec une tigresse qui ne voulait pas me lâcher. J’ai fini par mettre un terme à cette idylle qui ne menait à rien et je suis sorti avec celle qui me permet de me faire couper les cheveux à l’œil depuis trente ans. Ça en fait des économies !
    — Ton histoire est un peu tirée par les cheveux !
    — Et pourtant, elle est véridique, je te jure que ça s’est passé comme ça. Le hasard des rencontres fait bien les choses… ou mal suivant les circonstances et la suite de l’histoire. Il y a aussi une part de chance non négligeable, mais au départ, on ne le sait pas. Certains couples se découvrent grâce au net, mais il leur manque la vraie découverte.
    — Que veux-tu dire ?
    — Le premier geste entrevu, le premier regard, les premiers mots échangés. Ça me parait important de les vivre dans une véritable situation et pas en pianotant sur un clavier. 
    — C’est vrai que le choix fait par rapport à une photo et une présentation, ça fait catalogue !
    — Même les gros catalogues papier ont disparu.
    — Quand j’étais gamine, avec ma paire de ciseaux aux bouts arrondis, je découpais des images dans ces bouquins qui me faisaient rêver.
    — Moi, je regardais les dames en petites culottes ! »
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    Scène huit

    F « Aujourd’hui, il fait bien frais, il va surement pleuvoir bientôt.
    — Oui, des nuages vont faire pluie pluie !... J’ai constaté que la météo nous conditionne, nous sommes plus joyeux par beau temps et grincheux dans l’orage.
    — C’est normal, avec le soleil, tu peux sortir. La fenêtre ouverte laisse passer ses rayons qui te stimulent. Et c‘est lui qui fait pousser les plantes.
    — D’accord, mais sans pluie, elles ne poussent pas !... il faut donc un peu des deux pour un bon équilibre.
    — Et le vert dans la nature, ou plutôt les verts, il y a une quantité de verts différents, j’aime beaucoup cette couleur avec toutes ses nuances, je la trouve apaisante.
    — Les vermifuges aussi sont apaisants !
    — Ah, c’est malin !
    — Tu m’avais dit que Jocelyn aimait la pêche, en tant que cadre, il a besoin de se mettre au vert également.
    — Oui, il travaille beaucoup et n’a pas d’horaire fixe, il est responsable dans une grosse boite, la société Rénov’Action, spécialisée dans la rénovation d’immeubles, d’appartements et de résidences particulières. Grâce à ses capacités à prendre des initiatives, il aurait pu espérer devenir rapidement l’adjoint principal de la direction mais vu le nombre d’années qui lui reste à faire, l’espoir s’amoindrit. Il y a les jeunes loups qui font tout pour gagner des échelons. Lui, il veut rester humain avant tout et ne souhaite pas enfoncer les autres à tout prix. Il dit souvent que pour avoir une paix intérieure, rien de telle que l’humilité.
    — Bien vrai ! C’est une belle philosophie. J’ai hâte de le rencontrer.
    — Lui aussi, je lui raconte nos échanges, maintenant, tu fais un peu partie de notre famille.
    — Merci ! Mais que fait-t-il quand tu viens ici ? 
    — Il en profite pour plancher sur quelques dossiers en instance pour être libre de partager avec moi des moments de repos et de repas. Quand je suis à la maison, il s’éloigne le plus possible sauf s’il part pour une mission tout un week-end dans un autre département, à la rencontre d’un propriétaire pour évaluer sa demeure, les travaux à y effectuer et le devis à préparer. Et le samedi, souvent nous préparons les repas pour deux jours, nous pouvons ainsi nous évader à la campagne. Et Véro, que fait-t-elle en ce moment ?
    — Elle travaille le samedi pour les rendez-vous avec celles et ceux qui sont pris dans la semaine, en compensation, elle a le lundi, le matin, c’est grasse matinée. Pour elle, car je pars de bonne heure pour mes préparations dentaires et les patients.
    — Les vies de nos couples me semblent bien équilibrées, même si de notre côté, il y a des périodes bien remplies pour Jocelyn quand un chantier se termine.
    — Pour nous, une certaine routine pourrait s’installer mais notre petit dernier ne nous laisse pas le temps de respirer ! Et quand les enfants partent, rien n’est fini, il y a toujours Maman et Papa qui sont là en cas de besoin, mais aussi pour passer quelques heures avec nous et parfois, vider notre congélateur et l’armoire où sont rangées les confitures faites « maison » ! Ça ne nous gêne pas, bien au contraire.
    — Je connais ça aussi avec mes nièces et neveux. Pas question de finir nos jours en solitaires hargneux, il me semble que je t’en ai déjà parlé, je n’ai pas mais propres enfants, mais pas de manque chez moi, ni de regrets."
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    Scène neuf

    H « En arrivant, à l’entrée du parc, il y a un grand manège.
    — Oui, tu veux que je te paye un tour ?
    — J’aimerais bien, mais j’ai dépassé la taille prescrite ! Il y avait à côté une petite mongolienne, le regard des gens face à la différence est bien souvent glauque, je peux comprendre qu’une certaine gêne peut s’installer mais un sourire et c’est un beau cadeau.
    — Tu lui as souri ?
    — Oui, elle m’a regardé, s’est approchée de moi, sa maman voulait la retenir mais je lui ai fait signe de la laisser. Elle m’a tendu la main, je lui ai fait une bise. Je ne savais pas quoi lui dire et elle m’a dit « Meci ». C’était vraiment touchant. Elle est repartie vers le manège en me faisant signe au-revoir.
    — Et la maman ?
    — Elle m’a fait un signe de remerciement. Je suis parti pour venir sur ce banc avec le cœur léger… léger ! Je ne sais pas si c’est une bonne action, mais c’est un geste d’humanité qui m’a ensoleillé cette matinée.
    — Tu es un tendre, il y a beaucoup d’hommes qui veulent jouer aux gros durs mais c’est la plupart du temps une façade pour cacher une partie de leur sensibilité. J’ai dès le début, ressenti chez toi une belle douceur.
    — Dis tout de suite que je suis un mou !
    — Pas du tout, tu as de la pudeur et tu la caches par des jeux de mots et de l’humour. C’est ce qui fait ton charme !
    — Eh bien, je ne sais plus où me mettre ! Alors, à mon tour de te dire ce qui m’attire chez toi, amicalement évidemment !...
    — Attends, d’abord, je téléphone à mon avocat !
    — Tu es très sociable, ouverte aux autres, je devine que tu as une grande culture, très certainement beaucoup plus cultivée que moi, mais tu n’en fais pas étalage. Tu sais rester simple dans tes propos. Bon, je ne vais trop en dire, sinon tes bas vont péter !
    — J’ai pas de bas mais des chaussettes, je viens ici toujours en jogging, tu n’es pas très observateur !
    — Autant pour moi ! Et nous n’avons jamais abordé des sujets qui fâchent comme la politique.
    — Non, nous sommes ici pour nous détendre. J’ai des idées que je partage mais dans d’autres circonstances. Je suis aussi une militante pour les droits des enfants et ce qui se passe en France et dans le monde me fait peur. Nous pourrons en parler un peu si tu veux.
    — D’accord, mais c’est vrai qu’à notre niveau, avec nos trois enfants à élever, nous avons été beaucoup pris, mais nous avons essayé de ne pas leur inculquer des notions de partages et d’écoutes. L’éducation passe par des petites touches, des petites empreintes qui, sans vouloir les façonner à notre image, leur permettent de s’épanouir et de trouver un équilibre. En dehors des activités scolaires, ils ont eu la possibilité d’en faire, aussi bien dans l’artistique que dans le sport. Avec nos salaires, nous pouvions nous le permettre, ce qui n’est pas donné à tout le monde, malheureusement…
    — Ils ont été inscrits à des clubs ?
    — Oui pendant l’année, c’était judo, solfège et musique, danse et théâtre aussi, pendant les vacances, le ski et avec les grands-parents, cheval, vélo ou poterie.
    — Ah ! le chant et l’apprentissage d’un instrument, c’est super !... Et pour le sport, le vélo et le judo, deux activités sportives très différentes mais complémentaires… »
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    Intermède trois

    Vélo et tatami
    (musique d’Éric Aton)

    Tatami et vélo
    Vélo et tatami
    C’est bien ce qu’il te faut
    Pour avancer dans la vie

    Tu fais du vélo
    Tous les samedis
    Ta maman Véro
    Elle en fait aussi

    Des fois t’en fais trop
    Pour ton appétit
    Tu tombes sur le dos
    Car tu es flapi

    Si tu as bobo
    Il y a Bambi
    Dans ton grand dodo
    Qui est ton ami

    Tatami et vélo
    Vélo et tatami
    C’est bien ce qu’il te faut
    Pour avancer dans la vie

    Tu fais du judo
    Tous les vendredis
    Ton papa Paulo
    Il en fait aussi

    Ton copain Pierrot
    C’est pas ton ami
    Il t’as mis K.O.
    Sur le tatami

    Si tu as bobo
    Ta maman chérie
    Te fait un bécot
    Un guili guili

    Tatami et vélo
    Vélo et tatami
    C’est bien ce qu’il te faut
    Pour avancer dans la vie

    Tatami et vélo
    Vélo et tatami
    C’est bien ce qu’il te faut
    Pour avancer dans la vie
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    Scène dix

    F « Voici le jardinier qui passe. 
    — C’est son heure pour aller vider les poubelles dans le container.
    — Il s’occupe de tout le parc, il prend bien soin de la roseraie, des massifs et des pelouses.
    — C’est un sacré travail, en cette saison, il y a les fleurs fanées à enlever, mais le plus gros boulot doit se situer à l’automne, avec toutes les feuilles qui tombent, il n’arrête pas.
    — Ils sont deux à tourner, ils s’arrangent pour les congés et les week-ends. L’autre, je ne le vois pas souvent, il fait les après-midis. Tu jardines ?
    — Très peu, je n’ai pas la main verte ! Nous avons une grande loggia, il y n’y a que quelques pots pour ne pas avoir l’air d’être en plein Sahara et Véro passe déjà assez de temps à couper des cheveux, elle aurait l’impression de faire des heures supplémentaires si elle devait tailler des plantes ! Et toi ?
    — Pas le temps. Je me dis que, quand je serai à la retraite, je m’y mettrai. C’est Jocelyn qui s’y colle, quand il a le temps. À part un coin pour les plantes aromatiques et des arbres fruitiers, c’est un jardin d’agrément.
    — Quand tu seras à la retraite !... C’est marrant le nombre de projets qu’on prévoie et qui évoluent au fil du temps qui passe. Moi, j’aurai envie avant tout de filer à la campagne, ou plutôt dans une petite ville avec de la verdure tout autour pour faire de longues balades. Mais il y a aussi les évolutions au niveau de la famille, avec peut-être des enfants supplémentaires, je serai le papi qui les prendra de temps en temps pour soulager les parents !
    — Soulager les parents ! C’est vrai que les enfants donnent beaucoup de travail, il fut une époque que je n’ai pas connue où beaucoup de mamans ne travaillaient pas, elles étaient femmes au foyer… Quelle horreur ! 
    — Il y avait aussi des familles avec les grands-parents à demeure, ce qui permettait de profiter de plus de loisirs.
    — Tu crois que les loisirs existaient dans l’ancien temps, je parle du temps avant la télé, avant les clubs de vacances.
    — Au moins, les gens se parlaient… Ou s’engueulaient ! Ils avaient aussi comme seule distraction la lecture du journal.
    — Les nouvelles arrivaient avec une semaine de retard et il suffisait de mettre le nez dehors pour se rendre compte s’il fallait mettre une veste ou un ciré. Le soir, en observant le ciel, ils connaissaient la météo du lendemain. Le pied !...
    — Aujourd’hui, nous avons droit à une séance d’archéologie ! Sérieusement, le progrès, c’est vachement bien, mais il y a des limites. Je rêve d’une journée sans portable ni ordi pour me couper de tout et RESPIRER. Me sentir libre de vagabonder avec les pieds ou dans la tête.
    — Mais tu peux le faire, tu prends ton sac à dos et tu pars trois semaines dans un couvent au Mont Athos.
    — J’ai dit une journée, pas trois semaines et puis là-bas, je ne pourrai pas emmener ma femme.
    — C’est vrai, mais ça te reposerait !
    — Non, je ne veux pas être enfermé, je veux le grand air, entendre le vent frémir, ou la pluie ruisseler. Être en communion avec la nature sans contact possible. 24 heures, c’est bien, mais je ne suis pas certain de tenir plus longtemps. J’aime la solitude mais à plusieurs !...
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    Scène onze

    H « C’est bien ce que tu as écrit.
    — Vraiment ?
    — Oui. Mais c’est du vécu ?
    — Un peu, mais pas le mien, j’avais envie d’écrire des petites histoires, ou plutôt des anecdotes. J’ai un carnet où j’écris mes impressions du moment suite à un fait divers vu ou lu, une scène qui se déroule devant moi, dans la rue ou dans un moyen de transport. Je pose mes mots, je les relis le soir, je me dis que c’est nul, mais je continue ! 
    — Je trouve que c’est sympa, ces pages que tu me montres. 
    — Tu as des critiques à me faire ?
    — Euh, non ! Et tu écris depuis longtemps ?
    — Plus de vingt ans.
    — Mais alors, tu as plusieurs carnets.
    — Oui, un par an, et au début de chaque année, j’attaque le suivant, ce sont des petites chroniques. quand j’aurai terminé le trentième carnet, je mettrai tout au propre à l’ordi et je verrai si je peux faire éditer mes élucubrations.
    — Ça va te faire un sacré boulot, tu devrais commencer le plus tôt possible.
    — Pas le temps !
    — Et tu diras également « pas le temps » dans cinq ans !
    — C’est possible. 
    — Et qu’en pense ton « moitié » ?
    — Ça l’amuse, il me signale des fautes d’orthographe et c’est tout… Bin oui, quoi !... Ce n’est pas parce que je suis, prof que je ne fais pas de fautes. Pour me dire le fond de sa pensée concernant mes élucubrations textuelles, il ne dit rien, il répète qu’il n’est pas un chroniqueur littéraire.
    — C’est de la franchise, ou il se défile ?
    — Un peu les deux, il considère que c’est mon petit joujou.
    — Et tu les montres à d’autres personnes ?
    — Il m’est arrivé de faire lire quelques pages à des parents, des amis ou des collègues. Pas de réactions significatives de leur part, alors, je reste sur ma faim mais je continue, c’est mon petit plaisir perso. J’avais envie que tu lises quelques pages et tu réagis comme les autres, tu ne sais pas quoi dire !
    — Tu as raison, c’est difficile de porter un jugement et je ne suis pas le lecteur idéal !
    — Et toi, tu écris un peu ?
    — Oh oui ! Des cartes postales… Ce n’est pas mon truc. Je ne suis pas un intello comme toi.
    — Non mais !... Tu me traites d’intello, c’est une insulte !
    — Je ne te dirai plus rien, na !
    — Mais non, c’est pour te faire marcher. Franchement, je ne me sens pas intello du tout, c’est bon pour ceux qui veulent péter plus haut que leur cul.
    — Tu as quand même beaucoup plus de choses à dire que moi, les patients qui viennent à mon cabinet sont sur les dents ! Et ils ouvrent la bouche pour que je leur en bouche un coin. Et quand, c’est terminé, ils n’ont rien à dire à part merci et surtout ils espèrent ne pas me revoir trop vite !
    — Mon dentiste est un marrant, j’y vais régulièrement, tous les six mois. La dernière fois, il m’a dit que j’avais une bonne dentition et que si tous les gens étaient comme moi, beaucoup de ses collègues seraient au chômage…
    — Et tes élèves, ils t’inspirent ?
    — Ils pourraient, mais je fais abstraction de ce qui se passe pendant mes cours, je ne veux pas tomber dans des mémoires d’une enseignante, je laisse ça à ceux qui ont une vraie plume. Et puis, j’aurais l’impression de poursuivre ma vie professionnelle et je ne le veux absolument pas.
    — Et nos rencontres ici, tu en fais des anecdotes ?
    — Non, ça ne m’est pas venu à l’idée. »
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    Scène douze

    F « Nous serons combien ce soir ?
    — Nous serons donc une quinzaine. Il y a Sylvain et sa femme, Adeline et le bébé, mais lui ; il compte pour du beurre ! Notre fille Cerise avec son copain, Erwan, notre ainé, Arnaud, mes parents et ceux de Jocelyn, Germaine, ma tante qui est veuve. Et des amis, Viviane et Ahmed qui est un spécialiste en dessert, il va nous préparer des pâtisseries orientales don tu me diras des nouvelles.
    — Super !... Je vais encore prendre un kilo. Tu peux lui dire que je mange comme quatre.
    — Pas la peine, il est trop tard pour ce soir.
    — Dommage !
    — Ne t’inquiète pas, je lui ai dit que nous serons une quinzaine, il va donc amener des desserts pour une bonne trentaine de personnes. Les parents de Jocelyn se chargent des entrées, il y aura comme d’habitude un bel assortiment, et les miens viennent avec une blanquette de veau, la spécialité de maman. Et comme tu m’as dit que Véro était végétarienne, elle a prévu une petite blanquette au tofu. Et nous nous occupons de l’apéro. 
    — Mais pourquoi tu m’as dit de ne rien préparer ?
    — C’est la première fois que vous êtes nos invités, nous avons préféré vous laisser tranquille !
    — Nous avons prévu d’apporter quelques bouteilles.
    — D’accord.
    — Et pour le bébé, comme tu me l’as dit, nous avons choisi du 2 ans pour les vêtements. J’ai remarqué que souvent les habits offerts sont trop nombreux dans les toutes petites tailles, au bout de six mois, ils sont rangés dans un placard, mis de côté pour le ou les suivants. Ça coûte cher d’habiller des petits qui grandissent à la vitesse grand V !
    — Donc, comme prévu, Adeline et Sylvain préfèrent rentrer chez eux pour le bébé, ils partiront tôt en emmenant des desserts. Pour mes parents et mes beaux-parents, ils habitent pas loin, ils partiront à la fin de la soirée. Pour vous, la chambre d’amis est prête.
    — C’est vraiment très gentil de votre part, nous aurions pu repartir chez nous.
    — Pas question ! Tu m’as proposé de l’aide pour la vaisselle et le rangement demain matin, alors, on ne vous lâche pas. Et puis, le midi, il y aura pas mal de restes, autant que vous en profitiez. Et nos conjoints auront ainsi le temps de faire un peu plus connaissance. Au fait, je me demande si vous avez vos habitudes pour dormir, vous avez toujours le même côté ?
    — Oui, ça ne nous viendrait pas à l’idée de changer. Quoique, quand nous sommes en vacances, il nous arrive de permuter, mais j’ai l’impression de moins bien dormir à chaque fois. 
    — Nous, nous varions, celui qui doit se lever le premier se met du côté du réveil pour que l’autre ne soit pas trop gêné et nous nous rendons compte que presqu’à chaque fois, on se réveille naturellement quelques minutes avant la sonnerie. 
    — C’est rigolo ce système d’alternance pour le coucher. Nous n’y avons jamais pensé. C’est bien pratique !... Mais nos horaires coïncident à peu près. Le premier lever prépare le petit déjeuner et c’est chacun son tour, ce qui nous permet de commencer la journée en tête-à-tête avant d’aller travailler.
    — De quel côté tu dors ? Ça me fait penser à une chanson.
    — Moi aussi !...
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    Intermède quatre

    De quel côté tu dors ?
    (coécrit avec Marie-Noëlle PIichardie 
    musique de Vincent Grosset)

    De quel côté tu dors
    Côté sud 
    Côté nord
    De quel côté tu dors
    Quand la nuit se colore

    Côté cour côté rue
    Les murs sont mis à nu
    Côté cour 
    Côté rue
    Les clameurs se sont tues

    Côté bourg côté port
    Tu navigues à bâbord
    Côté bourg 
    Côté port
    Tu joues les sémaphores

    De quel côté tu dors
    Côté sud 
    Côté nord
    De quel côté tu dors
    Quand le jour s’évapore

    Côté ville côté champ
    Tu rêves sous l’auvent
    Côté ville 
    Côté champ
    Tu soupires en flânant

    Côté homme côté femme
    En enfer tu te damnes
    Côté homme 
    Côté femme
    Le feu brûle ton âme

    De quel côté tu dors
    Côté sud 
    Côté nord
    De quel côté tu dors
    Quand la nuit se colore

    De quel côté tu dors
    Côté sud 
    Côté nord
    De quel côté tu dors
    Quand le jour s’évapore

    Mais voici que l’amour
    Éclabousse l’aurore
    Sans tempête
    Ni tambour
    Le long de ton décor

    De quel côté tu dors
    Côté sud 
    Côté nord
    De quel côté tu dors
    Quand la nuit se colore

    De quel côté tu dors
    Côté sud 
    Côté nord
    De quel côté tu dors
    Quand le jour s’évapore
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    Scène finale

    H « Déjà levée !
    — Oui, et toi aussi. Ce fût une superbe soirée. 
    — Mais qui m’a laissé des traces, j’ai la gueule de bois !
    — Ça va se passer. Mais tu n’as bu qu’une coupe de Champagne.
    — D’habitude, je ne bois pas d’alcool, c’était juste pour trinquer. Ton moitié dort encore ? 
    — Lui, pour le réveiller, il faut jouer du clairon ! Et Véro ?
    — Elle reste un peu au lit… Je suis content de notre amitié qui s’installe entre nous depuis quelques semaines.
    — C’est vrai, ce genre de belle rencontre transforme un peu nos vies, enfin, pas transforme, plutôt fait évoluer nos vies. Et bientôt une petite fiesta chez nous. Nous serons nombreux, mes nièces et neveux veulent vous connaitre.
    — Ça sera avec plaisir.
    — Regarde, le jour se lève, c’est beau.
    — Oui, c’est beau !... »
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    Chanson finale

    Nouvelle journée 
    (musique d’Anthony Aleksandeur)

    Radioréveil
    Encore sommeil
    Au matin blême
    Petit croissant
    Le café crème
    La brosse à dents
    Je fais surface
    Devant ma glace
    Bisou départ
    Lèvres sucrées
    Vite il est tard
    Dernier baiser
    Clé sur la porte
    Le vent me porte

    Journée nouvelle
    À tire d’ailes
    La vie s’anime
    En joies infimes

    Nouvelle journée
    Banalités
    Du quotidien
    Je me sens bien

    Journée nouvelle
    À tire d’ailes
    La vie s’anime
    En joies infimes

    Nouvelle journée
    Banalités
    Du quotidien
    Je me sens bien

    Le vent me porte
    Loin de ma porte
    Métro bondé
    Sourire d’enfant
    Là sur ce quai
    Regards des gens
    Des lueurs brèves
    Je cherche un rêve
    En liberté
    Laisse la rame
    Réapparais
    Sur macadam
    Soleil radieux
    Je suis heureux

    Journée nouvelle
    À tire d’ailes
    La vie s’anime
    En joies infimes

    Nouvelle journée
    Banalités
    Du quotidien
    Je me sens bien

    Journée nouvelle
    À tire d’ailes
    La vie s’anime
    En joies infimes

    Nouvelle journée
    Banalités
    Du quotidien
    Je me sens bien

    Radioréveil / Le vent me porte
    Encore sommeil / Loin de ma porte
    Au matin blême / Métro bondé
    Petit croissant / Sourire d’enfant
    Le café crème / Là sur ce quai
    La brosse à dents / Regards des gens
    Je fais surface / Des lueurs brèves 
    Devant ma glace / Je cherche un rêve
    Bisou départ / En liberté
    Lèvres sucrées / Laisse la rame
    Vite il est tard / Réapparais
    Dernier baiser / Sur macadam
    Clé sur la porte / Soleil radieux 
    Le vent me porte / Je suis heureux
    — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — 

    Dialogues de Bernard Pichardie
    pour écouter les maquettes des chansons :
    https://chantsongs.wixsite.com/la-suite/rencontres-02
     


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